brèche muraille Jérusalem

Déserter ou se lever ?!

Déserter ou se lever ?!

Depuis quelques temps, je relis avec intérêt le livre du prophète Néhémie ; Comment à la lecture des scandales et des sombres révélations qui se succèdent dans notre église, ne pas penser à ces murailles écroulées de Jérusalem dont Néhémie entreprend la reconstruction suite au retour des exilés de Babylone : « Le rempart de Jérusalem n’est que brèches, et ses portes ont été dévastées par le feu.» Néhémie 1, 3. Néhémie pleure et nous aussi ! Mais au cœur de ces larmes, son premier mouvement est la repentance au nom de ses frères : « Je confesse les péchés des fils d’Israël, nos péchés contre toi ; moi-même et la maison de mon père, nous avons péché ! ». Le prophète se sent concerné, il se sent solidaire du péché de sa famille. Dans les moments tragiques que nous vivons, certains quittent l’église sur la pointe des pieds, sans faire de bruit, d’autres demeurent, mais révoltés, enragés, amers (il y a de quoi !). Ils nourrissent la juste colère qui sommeille en chacun de nous, mais cette colère, repliée uniquement sur elle-même, peut s’avérer stérile si elle n’œuvre pas à la reconstruction et ne bâtit des ponts pour passer sur une autre rive. Néhémie pleure et se repent, revêtu du manteau d’affliction qui recouvre son peuple, il porte la honte, expression qui revient 4 fois dans le livre. Nous voudrions tous éviter ce sentiment et trouver des postures qui nous mettent à l’abri, mais l’Eglise est notre peuple, notre famille et nous sommes aussi concernés : « Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui. Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. » 1 Cor 12 28. A une sœur divorcée malgré elle et effondrée, Jésus souffla un jour en son cœur brisé : « Désormais tu es la gardienne du « oui donné ». Nous aussi dans cette lettre de divorce d’avec l’Evangile, levons-nous comme des sentinelles, dans la repentance, le cri de nos cœurs déchirés, dans l’intercession…Levons nous, traversons et bâtissons !


Arrivé à Jérusalem, Néhémie prend trois jours avant de se lever pour rebâtir. Bien sûr, nous pensons aux 3 jours de la Passion, à ce temps de passage, de l’agonie de la mort à la Résurrection. Quelque chose meurt alors que l’Esprit de vérité passe sur notre église et fait germer de sa terre l’iniquité cachée. Beaucoup en ces temps opaques meurent à une image idéalisée : «
Ainsi parle l’Eternel : Maudit soit l’homme qui se confie dans l’homme, Qui prend la chair pour son appui, et qui détourne son cœur de l’Eternel !
Jr 17, 5. A chaque fois que nous avons idéalisé, porter aux nues une personne humaine, un prédicateur…N’avons-nous pas un instant détourné nos yeux de l’Eternel ? I n’y a d’idéalisation sans déception, de déception sans amertume, d’amertume sans refroidissement de l’amour…Voici une invitation, à nous centrer sur Lui. Oui, nous aussi…Levons nous, traversons et bâtissons !


Ensuite, Néhémie se lève dans la nuit, comme au cœur de la ténèbre , afin de regarder de près les brèches et envisager le chemin de la reconstruction, quel courage ! Lorsque nous regardons de près le système (la systémie !) des abus de toutes sortes, il n’est besoin d’aller loin pour observer les soubassements de soumission/domination qui régissent ce système. L’altérité, elle, au fondement de la personne humaine, capable de relation vraie, assure le respect du caractère de ce qui est autre, de l’autre, mouvement d’amour et de don qui prend source dans le Tout-Autre. Jésus affirme lui-même que désormais l’amour se donne autant au premier qu’au dernier (parabole des ouvriers Math 20), quand on aime on ne compte plus, on aime un point c’est tout, l’amour ne peut se quantifier,
le privilège de l’Amour c’est d’aimer sans privilège ! Levons-nous, traversons et bâtissons !

Nous ne pouvons, comme les étrangers dans le livre de Néhémie alors qu’il se met au travail, regarder et simplement peser, estimer, juger…de loin. ! En tant que laïcs, l’appel de Vatican II transperce nos cœurs et la systémie aussi installée entre clercs et laïcs : » Il n’y a donc qu’un Peuple de Dieu choisi par Lui : « Il n’y a qu’un Seigneur, une foi, un baptême » (Ep 4, 5). Commune est la dignité des membres du fait de leur régénération dans le Christ ; commune la grâce d’adoption filiale ; commune la vocation à la perfection ; il n’y a qu’un salut, une espérance, une charité indivisible. « (Extrait des actes du Concile 1964).

En raison de tout cela et pour bien d’autres encore, pour l’amour du Christ, nous ne déserterons pas, nous nous lèverons-nous là où nous sommes, nous traverserons et nous bâtirons, le cœur centré sur le Crucifié Ressuscité, à jamais ! Confiance ! Levons-nous, traversons et bâtissons ! Nous sommes l’Eglise à chaque fois que nous ne détournons pas les yeux, à chaque fois que nous nous mettons à genoux dans les larmes, à chaque fois que rentrées dans la « clandestinité » de nos cœurs, nous nous tournons vers le Père : «  Père, entends le cri de ma prière pour ma famille humaine ».


MEDITATION

-Est-ce que je me sens concernée par ce que vit l’église en ce moment ?

-Quels sont mes sentiments ? Suis-je tentée de déserter, de m’éloigner ?

-Y a-t-il des confusions dans mon cœur : avais-je idéalisé des hommes, une institution… ? Puis-je réorienter mon cœur vers Jésus, c’est Lui et Lui seul que je sers, à travers son Eglise. Prendre le temps de réajuster mon regard et de remettre Jésus au centre.

-Ai-je moi-même idéalisé des personnes, un groupe de personnes et détourné l’adoration vers des hommes ?


PRIERE

Je te bénis Père pour le don de la foi et la grâce d’appartenir à la famille des baptisés. Avec tous mes frères et sœurs, je te demande pardon pour l’iniquité de l’abus. Pardon d’avoir parfois idéalisé des personnes, participant ainsi à entretenir cette culture si étrangère à l’Evangile. Jésus, tu es la Vérité qui me libère, sois le centre de ma vie. Saint-Esprit, conduis-moi dans ces temps difficiles, inspire-moi et fortifie ma foi.