Deux Cœurs parfaitement unis ! Et le mien ?

Nous quittons le mois de mai que nous appelons le mois de Marie, où elle nous a préparées dans la douceur de sa présence à recevoir l’effusion du Saint-Esprit, à nous laisser renouveler au plus profond de nous-mêmes en nous livrant à la puissance du Saint-Esprit, « Lui qui agissant en nous est capable d’accomplir infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer ou concevoir. »(Eph3.20)

C’est au mois de juin  que nous célébrons non seulement le corps du Christ pendant la Fête-Dieu, mais les Cœurs de Jésus et de Marie. En effet, l’ultime Parole de Jésus sur la Croix n’est-elle pas celle de Son Cœur transpercé pour nous dire Son immense amour pour chacun d’entre nous ?

Dix-huit siècles plus tard Jésus ne dira-t-il pas à Sainte Marguerite Alacoque : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les Hommes ! »

Pendant cette retraite avec nos regards de femmes, nos cœurs de femmes, nous essayerons de rentrer plus profondément dans l’intimité des Saints Cœurs de Jésus et Marie. Peut-être avons-nous à découvrir aujourd’hui d’une manière totalement nouvelle cette dévotion qui a enflammé les cœurs de tant d’hommes et de femmes qui nous ont précédés.

Premier jour : Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes !

Quelle belle déclaration d’amour qui donne le sens de ce Cœur qui s’est ouvert de trop d’amour ! Tout était déjà accompli. Jésus avait achevé sa mission et rendu l’Esprit quand le soldat lui transperça le côté de sa lance et que jaillirent du sang et de l’eau.

J’aime penser que c’est à ce moment précis que le voile du Temple qui séparait le Sanctuaire du Saint des Saints, ce lieu que Dieu avait choisi pour manifester Sa Présence et où seul le grand prêtre pouvait pénétrer une fois par an pour obtenir pour le Peuple le pardon des péchés, ce voile s’est déchiré, nous ouvrant définitivement l’accès au lieu très Saint, c’est à dire au Cœur même de Dieu.

« Désormais plus rien ne peut nous séparer de l’Amour de Dieu manifesté en Jésus Christ. »(Rom 8.38)

Le voile était infranchissable et nul ne pouvait pénétrer dans le Saint des Saints. Dieu semblait vraiment inaccessible. Mais désormais comme le grand prêtre nous pouvons nous approcher avec assurance du trône de Dieu, nous avons accès au cœur même de Dieu, à Sa Plénitude.

« Ainsi vous recevrez la force de comprendre avec tous les saints, ce qu’est la Largeur, la Longueur, la Hauteur et la Profondeur, vous connaitrez l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, et vous entrerez par votre plénitude dans toute la plénitude de Dieu. »(Eph 3.18)

« Le secret de son Cœur, paraît à nu dans les plaies de Son corps.

Je vois à découvert Son infinie bonté, la miséricorde et la tendresse du Père.

Le grand mystère de la charité divine est ouvert. Heureuse l’âme qui se confie en Lui, et s’abandonne entre les bras du Père, dans la très douce attente de Son retour. » Sainte Catherine de Sienne

Ce cœur nous parle de douceur, de tendresse, tout ce à quoi aspirent nos cœurs de femmes assoiffées d’amour ardent, d’amour brûlant, d’amour tendre, si vite déçues lorsqu’elles perçoivent la moindre atteinte, la moindre altération à l’amour, nos codeurs de femmes exigeants, qui attendent tout de celui qu’elles aiment.

La Petite Thérèse ne s’écriait-elle pas :

« Jusqu’à l’infini j’ai besoin d’aimer ! » « Oui j’ai besoin d’un cœur tout brûlant de tendresse, qui aime tout en moi et même ma faiblesse, et ne me quitte pas, ni la nuit ni le jour. »

Cela résume si bien cette soif d’absolu qui nous habite.

Jésus nous invite à plonger dans Son Cœur pour y recevoir la plénitude de l’Amour que nos cœurs désirent. Il ne s’impose pas à nous. Il s’offre à nous et il nous appartient de nous emparer par la foi de notre héritage.»

Prenons un moment de silence.

Fermons les yeux un instant. Mettons-nous en présence de Jésus.

Ecoutons-Le-nous appeler par notre prénom et nous poser la question :

Pour toi……….. Qui suis-je ?

Est-ce que je le connais parce que j’ai entendu parler de Lui ou bien ai-je fais une rencontre véritable qui a changé ma vie ?

Ai-je fait l’expérience de poser ma tête sur le Cœur de Jésus et de recevoir la douceur de Sa consolation ?

Comme Saint Jean, dans un acte de foi, posons notre tête sur le Cœur de Jésus et demeurons une minute dans le silence en unissant les battements de notre cœur au sien.

Prions.

Seigneur mon Dieu, mon Roi d’Amour, je te rends grâce pour ton Cœur ouvert qui m’invite à entrer en Toi pour y goûter la plénitude de Ta tendresse et te laisser combler mon cœur de femme qui a tant besoin d’aimer et d’être aimée. Je viens puiser à la source de Ton Cœur pour apprendre à aimer à mon tour de manière désintéressée et répandre à mon tour sur ceux que j’aime et ceux vers qui Tu m’envoies, les fleuves d’eau vive qui jaillissent de Ton cœur.

Deuxième jour :

 « Jésus doux et humble de cœur, rends nos cœurs semblable au tien. »

Ce Cœur qui s’est ouvert nous dit :

« Venez à moi vous tous qui peinez et qui êtes surchargés et moi je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug, et apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes.»(Mt 11.28, 29)

C’est ainsi que nous nous percevons à certains moments de notre vie, ou même à certains moments du mois ou encore de nos journées. Nous peinons et nous sommes parfois accablées par la fatigue, surchargées  par toutes les tâches à accomplir, submergées par nos émotions. Et il semble que nous n’ayons ni l’espace ni le temps de nous reposer, de nous ressourcer. Nous sommes en perpétuel dépassement de nous-mêmes parce que nous sommes courageuses, parce que nous sommes généreuses, parce que nous sommes indispensables, parce que nous ne pouvons pas nous permettre de penser à nous. Comme nous sommes édifiantes ! On nous canoniserait presque ! Jusqu’à ce que tout craque. Et c’est le burn-out, la catastrophe.

Jésus nous invite à nous reposer, non pas comme un effort supplémentaire à faire, mais comme un lâcher-prise. Nous n’avons pas le temps de nous reposer ? Alors reposons nous dans l’instant. « Nous n’avons pas des heures mais nous avons des minutes » disait un rabbin à qui ses disciples demandaient comment il trouvait le temps d’étudier la Thora avec l’emploi du temps qu’il avait.

Prenons régulièrement une minute pour être totalement présentes à nous-mêmes, totalement présentes à Dieu, une minute pour aller à Lui, pour reposer sur Son Cœur, comme nous l’avons fait hier, pour l’écouter nous dire : « Je suis doux et humble de cœur. » Il est des mots qui ont le pouvoir d’attendrir notre cœur. Le seul fait de les entendre, de les prononcer nous établit dans la paix, réveille au plus profond de nous le désir de donner le meilleur de nous-mêmes. Il en est ainsi de douceur, humilité, tendresse, bonté, bienveillance.  On pourrait énumérer ainsi tous les fruits du Saint Esprit, qui sont ceux de l’action de Dieu en nous.

A Moise sur le Mont Sinaï Dieu a crié Son Nom : tendresse et miséricorde, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité (Ex 34, 6). Jésus se révèle douceur et humilité, tout le contraire des dieux inventés par les projections des hommes, tout  le contraire des nouveaux dieux auxquels sacrifient nos contemporains : argent, pouvoir, réussite, succès, performance, sexe, culte du corps….

« Jésus est doux dans l’ouverture de son côté ; car cette ouverture nous a révélé les richesses de sa bonté, la charité de son cœur. »écrivait St Anselme.

Mais d’où vient cette douceur ?  Ne serait-ce pas dans le renoncement à posséder, à dominer, à convaincre et à vaincre ? Ce renoncement n’est pas abandon, défaitisme, capitulation. Il est maîtrise de soi, accueil de la réalité telle qu’elle se présente et accueil de Dieu au cœur de cette réalité comme puissance de transformation. Il n’est pas repli sur soi, mais don de soi dans un complet détachement. Jésus a dit : «Heureux les doux car ils possèderont la terre. »  Ceux qui ont renoncé à se défendre avec les armes de la violence méritent de posséder la terre car ils la respecteront, ils la cultiveront au lieu de l’exploiter et de la détruire.

La douceur vient toujours accompagnée de sa sœur l’humilité. Elles ne réclament rien pour elles-mêmes. Elles n’ont rien à défendre et pour cela elles sont souverainement libres.

On les reconnaît dans des personnes qui ont accueilli le mystère de la Croix dans leur vie et qui se sont laissées dépouiller en profondeur, qui ont accueilli dans la simplicité les souffrances et les contradictions inhérentes à toute vie.

 Réflexions : Et nous, chères sœurs en humanité, comment résonnent en nous ces mots de douceur et d’humilité, de tendresse et de bonté ? Ces qualités sont bien l’apanage de la Femme, non pas de la femme si soumise qu’elle n’aurait plus le droit d’exister par elle-même, mais de la femme forte qui vit sous le regard de Dieu.

Prenons un temps de réflexion pour faire mémoire d’événements où nous avons fait l’expérience d’être remplies de douceur, où nous avons goûté la joie profonde et légère de nous sentir toute petite sans que cela nous accable, où nous avons pu donner une tendresse qui ne venait pas de nous.

Prions :

« Jésus doux et humble de cœur, rends nos cœurs semblable au tien. »

Donne-nous un cœur de chair, un cœur tendre et aimant, un cœur bon et miséricordieux. Viens toi-même aimer en nous quand nous faisons l’expérience de nos limites. C’est par notre regard, par nos mains, par notre cœur ouvert que Tu veux répandre Ta bénédiction sur l’Humanité qui a tant besoin de se sentir aimée.

Troisième jour : Cœur douloureux et Immaculé de Marie

Une de mes amies me partageait qu’elle avait eu le désir de se consacrer à la Vierge et plus précisément à son Cœur Immaculé. Et plus la date qu’elle avait choisie pour cette consécration approchait plus s’imposait à elle le vocable de Cœur douloureux et immaculé. Elle comprit pour sa propre vie le lien qu’il y avait entre la manière de vivre la souffrance et la purification du cœur.

Le penchant naturel et sain est d’éviter la souffrance. Nous ne sommes pas masochistes ! Mais nous ne pouvons pas vivre dans le déni. Quand surgit l’épreuve notre cœur est douloureux et c’est souvent même notre corps qui crie et qui exprime une souffrance plus intérieure.

Plus le cœur est pur, plus il souffre. Or la Vierge Immaculée ressent une douleur comparable à celle de Jésus. Au pied de la Croix elle est totalement unie au moindre tressaillement de douleur de son Fils. Plus un cœur est doux et tendre plus aussi il ressent la douleur.

Alina disait : « Parfois j’essaye de me rendre insensible à la souffrance du monde tant elle est insupportable. Je sais que la solution n’est pas de s’endurcir, mais d’avoir recours à l’amour manifesté dans le Cœur de Jésus et Marie. La seule réponse à la souffrance c’est l’amour. » La tentation serait de se fermer,  de se refroidir, de se durcir, de s’insensibiliser ou de s’anesthésier pour éviter de trop souffrir. Mais en faisant cela c’est notre capacité d’aimer qui est atteinte. Contemplons Marie au pied de la Croix. Elle est totalement décentrée d’elle-même. Elle ne fait qu’un avec son Fils, avec chacun des battements de Son Cœur. Leurs deux cœurs n’en font plus qu’un et quand le soldat enfonce la lance dans le côté de Jésus alors qu’il est déjà mort, c’est le cœur de Marie qui est transpercé et qui ressent les douleurs de ce transpercement. C’est pourquoi les saints comme Saint Jean Eudes ont célébré l’union des deux Cœurs. Il parle même du Cœur unique de Jésus-Marie. Méditant sur toutes les saintes pensées, affections, paroles et actions de toute la vie de la Vierge, il s’émerveille de toutes les richesses inestimables qui sont contenues dans ce Cœur : « C’est une mer de grâces qui n’a ni fond ni rive, c’est un océan de perfection qui n’a point de bornes ; c’est une fournaise ardente d’amour. Oh ! Que je me perde comme une goutte d’eau dans cette mer ; que je sois consumé comme une paille dans cette fournaise, afin qu’il n’y ait rien ici du mien, mais que tout y soit de Lui, qui est tout et qui est le très unique principe de tout bien ! »

Aux quatre coins de la planète la Vierge nous fait signe. Elle se manifeste à ses enfants pour les préparer à la venue de Son Fils que nous attendons avec grande espérance. Une prière juive affirme : «Je crois de toute ma foi que le Messie va venir, et même s’il tarde, je crois qu’il viendra. » Par elle le Ciel se fait tout proche. L’Ange a dit à Joseph : « Ne crains pas de prendre Marie chez toi. » Ne craignons pas de nous consacrer à elle, de nous réfugier dans son Cœur Immaculé, pour qu’elle nous fasse entrer au cœur même de la Trinité puisque son cœur est dans le cœur de son Fils. C’est là que nous goûterons une paix profonde au milieu des tribulations et que nous deviendrons à notre tour source de paix.

Réflexions :

Quelle est ma relation avec la Sainte Vierge ?

Est-elle un personnage historique, un modèle admirable mais inimitable, une sœur, une mère, une amie, une source ?

Quel est le désir profond de mon cœur par rapport à elle ?

Comment puis-je entrer dans plus d’intimité ?

Quels moyens vais-je prendre pour vivre dans sa présence, pour entrer dans son Cœur Immaculé ?

Prions

« O Cœur humain du Christ, où le Cœur divin du Père s’ouvre à jamais.

O souffrance extrême de l’Amour infini, où le Cœur de Marie s’unit au cœur de Jésus, où l’humanité et la divinité, dans la ferveur de l’Esprit, s’étreignent pour une éternité de délice et de joie.

O Cœur unique où s’unissent ceux qui blessent et ceux qui sont blessés. »

( Communauté des Béatitudes)

Bonus : 

A la fin mon Cœur Immaculé triomphera. »

Cette parole de la Vierge à Fatima est une grande espérance pour nous en un moment où les puissances du mal semblent se déchaîner et réduire à néant l’œuvre de Dieu, où le Mal semble plus fort que le Bien. La Vierge nous invite à contempler son Cœur Immaculé et proclame son triomphe. C’est le Seigneur qui détient en Sa Main les destinées de l’univers. Rien ne Lui échappe. Tout est sous son contrôle. Une fois encore, c’est par la Femme bénie entre toutes les femmes que Dieu veut faire passer le salut de l’Humanité, pour un nouvel enfantement et c’est chacune d’entre nous qu’il veut associer à cet enfantement. Par notre enracinement dans la foi qui affermit chaque jour notre confiance en Dieu, notre capacité d’espérer contre toute espérance et de croire que tout est encore possible quand tout semble perdu, par notre amour ardent qui ne cesse de brûler en nos cœurs, le Seigneur peut accomplir des miracles. N’ayons pas peur de nous livrer à Lui par le Cœur de Marie, n’ayons pas peur des purifications nécessaires qui nous sont offertes à travers les événements de la vie. Elles nous rendront plus légères, plus lumineuses, plus fécondes. Et nous contribuerons ainsi à l’avènement de Son Règne.

Si nous savions la fécondité de la moindre de nos prières, du moindre élan de notre cœur vers le Ciel, du moindre de nos dépassements offert à Dieu, du plus petit geste d’amour, nous les multiplierions ! Nul ne pourrait nous ravir notre joie. Il est certain que tout dans notre vie peut devenir offrande qui monte vers le Seigneur et redescend en grâces pour nous, pour ceux pour qui nous prions et pour le monde.

Marthe Robin ne disait-elle pas : « Une seule âme qui prie, qui s’offre, qui souffre, console mille fois plus le Cœur de Dieu que mille pécheurs qui s’en éloignent.»

La Petite Thérèse affirmait : « On obtient de Dieu autant qu’on en espère.» Alors soyons audacieuses pour tout espérer et contribuer d’une manière cachée, connue de Dieu seul, au triomphe du Cœur Immaculé de Marie, prémices du Royaume de Dieu sur terre et préparation au triomphe du Cœur de Jésus et à l’établissement de son Règne.

Prions : O Vierge très pure, O Mère très douce, je viens me ressourcer dans ton Cœur Immaculé pour y être purifiée de toute impureté, de tout ce que j’ai raté dans ma vie, tout ce que j’ai gâché, et pour recevoir de toi un nouveau regard sur toutes choses. Conduis-moi à la source du Salut et plonge-moi dans le Cœur de Jésus pour que nos cœurs battent à l’unisson et que soient hâtés l’avènement du règne des Saints Cœurs.