Jésus au premières loges

Une institutrice me confiait dernièrement combien les enfants, en comparaison de ses nombreuses années passées, avaient du mal à se concentrer sur une tâche. Tout, médias, écrans…nous entrainent à l’extérieur de nous, loin du jardin clos de l’âme. Ne vous sentez- vous pas parfois, comme éparpillées ? Le mouvement du siècle nous éloigne du « je » divin, ce lieu où le premier « tu », la première relation, est rencontre avec le Père ? Pourtant c’est de là, en ce jardin secret,  que monte la voix du Bien aimé : « Jardin fermé, ma sœur fiancée, fontaine close, source scellée. » (Ct 4,12). Comment alors favoriser la rencontre ? Cette Belle du Cantique avait demandé aux gardes de la ville : «Celui que mon âme désire, l’auriez-vous vu ? » Mais eux, tels les empêcheurs de la Grande Rencontre : «Ils m’ont trouvée, les gardes, eux qui tournent dans la ville : ils m’ont frappée, ils m’ont blessée, ils ont arraché mon voile, les gardes des remparts !». Les gardes modernes nous blessent, nous éloignent, ils surveillent les remparts de la séparation et œuvrent sans cesse à nous éloigner du cloître de l’intériorité, de la chambre des épousailles, joie imprenable  de nos âmes, mais toujours à défendre. Hors de nous-mêmes, alertées par tant de sirènes, revenir à Lui en nous, relève d’un acte de violence en réponse au viol, à l’intrusion des nouveaux envahisseurs ! 

Oui mille fois oui, c’est un temps où notre féminité doit se lever, féminité qui rappelle au monde, par sa maternité, par le don de sa vie pour l’autre, que Dieu habite en son  intérieur et  que lui aussi, ce monde, habite en l’intérieur de Dieu ! Féminité épiphanique et intemporelle, malmenée par le démon, par les idéologies modernes, par tant de violence dans les siècles, car elle vient confronter par le simple fait d’être « femme » les œuvres du grand Séparateur ! Le mot même en hébreux « neqebah » de Genèse 1,27, « il créa l’homme et la femme (Neqebah). » nous parle de « réceptacle, creux ». Femme, terre d’accueil de l’autre, mais avant tout, du Tout Autre, pour Le manifester, et ainsi  mener notre mission spirituelle de Vie.  Alors oui, notre amour se veut responsable ! Prenons du temps dans le jardin clos, à la source de la Vie!

« Chaque Femme, doit, devrait, reproduire en son être, en son exister le visage de la grâce. Le visage féminin de Dieu c’est la grâce. Dans la femme, Dieu nous montre sa Grâce.  (Extrait de « Le visage féminin de Dieu » Cristina Kaufmann, carmélite 1939-2006)

« Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître. » (Jn 20,16). C’est aussi dans un jardin, que notre sœur Marie-Madeleine, accomplit son chemin d’intimité avec le Christ Ressuscité. Elle ne le reconnut pas, elle qui croyait le connaître ! Mais alors même qu’il fait encore nuit, elle ne lâche rien, elle le cherche ! Ne lâchons rien nous non plus, dans cette obscurité, visitons souvent ce jardin de la résurrection caché en nos cœurs, c’est là que nous sommes aimées, nommées de notre nom véritable,  appelées et envoyées. Il nous faut partir de là vers ce monde extérieur, bruyant et malmenant, pour, comme des phares dans la nuit du monde, inviter tous nos frères à mettre Jésus aux premières loges de leur vie ! Les écrans s’éteindront, les mauvaises nouvelles cesseront, les faux gardes mourront mais l’Amour, Lui, ne meurt jamais ! L’étable est en nous pour accueillir le Roi, Yala pour un Noël de Feu !

«  Éveille-toi, Vent du nord ! Viens, Vent du sud ! Souffle sur mon jardin et ses arômes s’exhaleront ! Qu’il entre dans son jardin, mon bien-aimé, qu’il en mange les fruits délicieux ».(Cant 4,16)