À l’heure de la Passion, elles sont là près de toi, avec leur âme, avec leurs larmes. Même la femme de Pilate, la veille, a pressenti que toi, Jésus, tu étais le Juste. « Qu’est-ce que la Vérité ? » te demandait Pilate. Tu es Toi, Jésus, la Vérité ! Et les filles de Jérusalem, assoiffées de Bon, de Beau, de Vrai, ont su te reconnaître et dépasser les regards de la foule haineuse, car elles cherchaient l’amour, et l’amour aujourd’hui montre son visage. Les femmes continuent de pleurer sur elles et les enfants du monde. L’ONU compte 140 millions de femmes manquantes à notre humanité parce que mal traitées, malmenées, bien souvent utilisées, méprisées, avec, parfois, leurs enfants. Tes filles, tes sœurs, mères de sang, mères de cœur, continuent, malgré le Mal, malgré les larmes, à te chercher, à consoler. Oui, c’est vrai, nous pleurons, nous pleurons à chaque fois que la vie est brisée, mutilée, assassinée… Nous pleurons à chaque fois que le mensonge griffe les relations humaines, dans la famille, dans la cité, dans la nation, dans nos maisons. Bientôt, elles seront là au matin de la Résurrection, messagères de La Bonne Nouvelle, car croire seulement ne nous remplirait pas, ne nous sauverait pas, désormais, nous pouvons dire « Je crois en Jésus-Christ, Fils de Dieu, mon Seigneur et mon Sauveur ». Sur cette voie douloureuse, nous te prions, Jésus, pour une nouvelle alliance entre l’homme et la femme, voici déjà par ton Sang sur ce bois de la Croix, tu fais toute chose nouvelle.
Alors que nous entrons dans la grande Semaine Sainte, je repense à tous ces Week-ends de femmes au cours desquels nous construisions une petite maison de voiles dans laquelle nous déposions une icône de l’ensevelissement, quelques pétales de rose et du parfum de bonne odeur. Le soir, après avoir entendu le passage de l’onction de Béthanie avec Marie-Madeleine, nous venions nous agenouiller, là, déversant, nous aussi, le parfum de nos vies sur le corps du Bien Aimé, le couvrant de roses, en lui offrant nos cœurs ouverts par la Parole. Chacune pouvait laisser couler de l’intime, depuis ses profondeurs, les cris enfouis, la soif… sûre que là seulement, elle guérissait de la morsure de « l’Évangile » du serpent : « Vous serez comme des dieux ». Ainsi, cachées comme en Lui, la vérité de nos cœurs se dévoilait jusqu’à confesser : « Le Christ m’a séduite et j’ai mangé », oui ! Car l’amour est la nourriture que je cherche ».
« Amen, je vous le dis : partout où cet Évangile sera proclamé – dans le monde entier –, on racontera aussi, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. » Alors, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. » Math 26, 13-15.
C’est précisément lors de ce passage que Judas va se lever pour vendre Jésus. Il semble dire « Bon, là décidément c’en est trop ! Ainsi le Mal qui le conduit dû se sentir menacé en ses projets. Marie-Madeleine peut aussi être regardée comme une figure d’Eve, d’abord vaincue par un désir perverti, pour nourrir son « moi » mais jamais rassasié, et puis, radicalement bouleversée par l’expérience de l’amour qui donne enfin la Vie qui se donne et donne la vie…. C’est bien vers la femme que le démon s’était tournée pour perdre l’humanité, mais si désormais, cette même femme découvrait la source d’eaux vives, se laissait séduire et sauver par le Fils de Dieu… La stratégie du démon serait alors mise à mal.
C’est d’ailleurs cette même femme qui fera la première course avec le flambeau de la Résurrection, courant vers les apôtres qui, à leur tour, courent vers Jésus… Il y a dans le féminin, un reflet épiphanique, un déjà là et pas encore, comme l’enfant caché dans le sein, mais pas encore visible,
Pour présenter un congrès de femmes, le Père Cantalamessa, nous écrivait ces lignes : « Je voudrais partager avec vous une idée qui pourrait vous aider dans votre mission, une idée eucharistique. Jésus dans sa vie terrestre n’a pas fait toutes les expériences humaines possibles et imaginables Par exemple, il était un homme, il n’a pas vécu la condition féminine. Mais maintenant, étant la Tête du corps mystique, grâce à l’Eucharistie, il vit dans la femme, la condition féminine, il la fait sienne. Une de vos concitoyennes, St. Elisabeth de la Trinité, avait bien compris cela et dans une lettre à sa maman, elle disait : « Le corps de l’époux appartient à l’épouse. Mon Époux m’a prise et il veut que je sois pour lui comme une humanité de surcroît ». Ce qui veut dire que vous, les femmes, vous êtes un prolongement de l’humanité du Christ. Quelle dignité ! »
Alors, quelles que soient les circonstances de nos vies, circonstances qui passeront un jour, que ces jours bénis de mémoire, illuminent en nous le désir communion trinitaire, notre maison sans voiles, là où Jésus nous aime de tout l’amour qu’il reçoit du Père. Le Père de tout l’amour qu’il déverse dans le Fils, dans le souffle de L’Esprit Saint, qu’il soit dit de nos vies aussi : « Elle aussi, elle a beaucoup aimé « . Yala ! Tout pour Lui et belle Pâques 2023 !
MÉDITATION
- Il y a bien des larmes dans nos vies. Je peux prendre un petit moment pour regarder plus profondément et discerner les larmes que je verse sur moi-même sans les confier à Dieu et demander au Saint-Esprit de venir guérir le manque, le besoin, la peine qui en sont la cause.
- Quelles sont mes habitudes, mes addictions parfois mises en place pour supporter certaines circonstances de ma vie (Séries, télé, écrans…)
- Je prends un temps pour discerner ce dont, aujourd’hui, j’ai le plus besoin dans ma vie pour marcher avec Christ : confiance, foi, douceur, pardon, paix…
PRIÈRE
Père, je te remercie d’avoir envoyé Jésus pour me sauver, Jésus, merci pour ton oui qui a visité et transfiguré toute mon humanité, Saint-Esprit, merci de me guider pas à pas vers la plénitude de l’Amour. Je sais ne voire encore que peu de votre Lumière, mais regardez à ma soif, à mon désir d’avancer vers vous, Sainte Trinité, ma demeure sans voiles. Je vous offre tous mes balbutiements comme autant de semences, arrosez-les, protégez-les et gardez-moi de toute illusion, de tout danger, conduisez-moi à Vous, ainsi, à la suite de Marie-Madeleine, je pourrai courir, flambeau de la résurrection en mains, et partager à tous la Bonne Nouvelle du Royaume.