Ma féminité :
une mission permanente !
« Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. » Apocalypse 21:4
Y a-t-il parmi nous une seule femme dont les entrailles n’ont pas été remuées par les derniers remous dans l’Église ? De façon spontanée nous ressentons, nous pleurons, nous compatissons avec nos cœurs avec nos ventres. Il en était ainsi lors de la passion de Jésus, sur cette via Croxis, alors qu’Il rencontre les filles de Jérusalem, Jésus se tourna vers elles, et dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ; mais pleurez sur vous et sur vos enfants. » Luc 23 28. Jésus semble leur dire : « Mes filles, le plus douloureux ce n’est pas ma souffrance, je l’assume par amour de vous, le plus grave, c’est le mal, pleurez donc sur le mal ». Jésus ne leur dit pas de ne plus pleurer, non ! Mais d’orienter leurs larmes sur toutes les victimes et les dégâts du mal. Même Dieu pleura, en Jésus, devant Lazare ! Le verbe employé est « dakrueïn » qui veut dire : laisser couler des larmes silencieuses.
Ces larmes appellent la réponse et l’intervention de Dieu face au mal. Comme pour Lazare, elles précèdent la victoire de la résurrection. Cependant, elles nous invitent aussi à un changement radical de direction, à un retournement pour travailler à l’élargissement du Royaume, à la reconquête des territoires perdus à cause du péché. À chaque fois que l’injustice apparaît, plusieurs voies s’offrent à nous : colère et révolte, effondrement… laquelle suivrons-nous ?
Nous sommes les filles de Jérusalem et nous avons notre partition à jouer. « Dieu est toujours dans le camp de ceux qui souffrent » disait Jean-Paul II. Nous nous tenons donc avec Lui, auprès de ceux qui ont subi le mal et également de ceux qui en règle générale avant de l’avoir commis, l’ont bien souvent enduré… Le mal refait toujours de la même chose ! Nous les présentons au Père, ils sont d’une certaine manière, tous, nos enfants. Les filles de Jérusalem sont pour toujours les sentinelles de l’invisible jusqu’au jour que nous espérons comme une brûlure avec le Christ, où tous les hommes seront sauvés.
Dans l’histoire de notre humanité combien il plait à Dieu de passer par la femme ! La liste serait bien longue. « Quand tout va mal dans l’Église, c’est l’heure des femmes ! » écrit le père François-Marie Léthel, spécialiste de la théologie des saints. C’est bien sûr et d’abord, en nous laissant sanctifier que nous devenons davantage ce que nous sommes. Et c’est ainsi que, libérées des carcans personnels, culturels et temporels, nous devenons ces femmes prophétiques, avec une parole, une posture juste, et capables d’ouvrir de nouveaux chemins pour plus de justice et de paix. Le Père Cantalamessa, à l’occasion d’un congrès nous confiait ce message, partant du constat que Jésus, dans son humanité, fut homme et n’a donc pas expérimenté la féminité : « Vous, les femmes, vous êtes un prolongement de l’humanité du Christ. Quelle dignité ! ».
C’est une chose d’être une femme, une autre est de se réconcilier pleinement avec notre être féminin et d’occuper la bonne place. Je vous invite à relire Proverbe 31, ce poème alphabétique, pour méditer à ce propos. La Parole nous parle ici d’une femme selon le cœur de Dieu, et le premier terme employé pour la décrire, est « femme soldat » ( Eshet ‘Hayil). Allez ! Osons le féminisme biblique ! En quelques termes résumons ces versets pour dresser un portrait de la femme complice des intérêts de Dieu sur la terre, une femme complète et complément de l’homme : Elle est combative, elle est digne de confiance, elle est entrepreneuse et exerce son autorité en vue du bien commun. Elle prend et assume ses décisions, elle rayonne, elle tend la main au pauvre et demeure ouverte, sans repli elle entreprend. Cette femme ne craint pas les épreuves, elle les affronte et les anticipe aussi, prévoyante, elle prend soin d’elle (pas de misérabilisme). Elle est digne, ses paroles honorent la bonté… En un mot une femme libérée, une vivante combattante, qui sait qui elle est et qui oriente ses paroles et ses actions sur le Bien et sa croissance. Alors, comme à Cana où Dieu répond au manque, par la bouche d’une femme, demandons au Saint Esprit de nous faire devenir davantage ce que nous sommes, et que par nos bouches et nos vies, Il manifeste la Victoire du Salut ! Yala, nous nous levons !