La croix et la gloire !

Nous entrons dans le mois des vendanges, le raison est parvenu à maturation et va donner son jus. Nous fêtons aussi ce 14 la fête de la Croix Glorieuse ! Le raisin du sauveur a été foulé au pressoir du péché et a donné le vin du salut, le Sang de l’Agneau. Quelle paradoxe de juxtaposer la Croix et la Gloire ! St Paul disait : « « Pour moi, il n’y a pas d’autre titre de gloire que la croix de notre Seigneur Jésus Christ » (Gal 6.14) Et pour moi, fille de Dieu qu’est ce que cela signifie ? En même temps qu’elle donne la mort, la crucifixion symbolise aussi la victoire sur la mort. Dans bien des cas, la morsure de l’épreuve et son venin viennent servir de remède contre un mal plus grand encore. ” Nous fêterons aussi l’anniversaire de Celle qui a été le chemin de cette victoire. Marie a accueillie la Croix debout, y contemplant quelque chose de plus grand qu’elle, une Gloire dans laquelle certainement elle nous espérait déjà tous. Nous marcherons ces trois jours sur les sentiers de la Réconciliation dont la Croix est l’instrument, au cœur même de notre souffrance, pour élever nos cœurs comme Marie vers le triomphe de l’Amour dans nos vies et en ce monde. En hébreu, le mot « obstacles » partage les mêmes lettres que le mot « bonheur », nous y discernons la pédagogie de la Croix promesse de Victoire et de Gloire.

Jour 1 : Ma souffrance

Jour 2 : brandir sa croix

Jour 3 : la Gloire

Bonus : Céleste Jérusalem

1er jour: ma souffrance


 « Et maintenant, nous te supplions, Seigneur, Par le sacrifice qui nous réconcilie avec toi, Etends au monde entier le salut et la paix » (Prière eucharistique n° 3)   

La souffrance en elle-même n‘a aucun sens et Dieu n’aime pas la souffrance. Il l’aime si peu qu’Il est venu la prendre en Lui. Mais alors pourquoi est-elle toujours là dans ma vie ? Peut-elle être à la suite de Jésus, un chemin de Gloire ? St Augustin dit : « Comprenons que Dieu est un médecin, et que la souffrance est un remède de salut, pas un châtiment de damnation. » Imaginez Jésus en Croix, le ciel s’assombrit au fil des heures au dessus de Lui, ce sont les masses des ténèbres qui se rassemblent au dessus du Fils de l’Homme. Jésus agonisant soupire : « mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » et cette parole nous rejoint toutes quand la souffrance se fait intolérable.  Nous ne disons même plus « Père » car nous doutons de l’Amour. Puis les ténèbres rassemblées se précipitent en Christ et il dit «  tout est accompli » et meurt. Il semble qu’Il les absorbe toutes dans une victoire triomphante mais sous une apparente défaite. Ainsi en est-il de nos échecs humains si nous en restions à un regard païen. En Christ c’est la mort qui meurt avec toutes ses œuvres ! En Christ je descends dans mes propres enfers là où demeure le mal et avec Lui je remonte vers la Résurrection. Avec Lui ma souffrance devient un passage pour la Gloire de la Résurrection ! La souffrance devient avec Jésus une mise au monde à la Vie éternelle ainsi la femme enivrée de joie après les douleurs de l enfantement. Le mot »obstacle » et le mot « bonheur » partage les même lettres en hébreux, comme pour nous introduire dans la pédagogie de la Croix chemin de Gloire !

Questions :

-Il y a-t-il encore dans mon cœur de la colère ou de la révolte vis à vis de Dieu à cause de ma souffrance ?

– Puis je, en faisant mémoire des souffrances passées y lire un chemin de transformation pour moi ? Lequel ?

-Le Bon Larron a ouvert son cœur au creux de sa souffrance, que me dit-il à moi ?

Exercice :

Imaginez Jésus sur la Croix, la foule bigarrée, les cris…puis je me rapproche de son Cœur qui a tant aimé les hommes. De là, je laisse venir toutes les situations de souffrance de ma vie, les personnes concernées…et j’écoute Jésus dire « Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Silence.

Petite histoire : (Tirée du Talmud)

« Alors qu’il était en voyage, il arriva dans un village en pensant pouvoir trouver le gîte pour la nuit. Il avait avec lui un coq, un âne, et une bougie. Malheureusement, il ne trouva personne pour l’accueillir et fut contraint de s’installer dans un champ voisin pour la nuit. Il dit alors : “Tout ce que le ciel me fait est pour bien”. Pendant la nuit, un lion surgit et tua l’âne, un peu plus tard, un chat arriva et mangea le coq, et ensuite, le vent se leva et éteint la bougie qui éclairait Rabbi Akiva. Malgré la tristesse qu’il aurait pu ressentir, cette fois encore, il déclara : “Tout ce que le ciel me fait est pour bien”. Au matin, il retourna dans le village et se rendit compte avec effroi que tous les villageois avaient été emportés par une armée, il déclara alors: “C’est ce que nous avons l’habitude de dire : tout ce que le ciel me fait est pour le bien.” »

 

Je prends un instant pour méditer toutes ces choses dans mon cœur (cf Luc 2,19)

Deuxième jour: brandir sa croix


« Que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire. » (Prière Eucharistique III)

Au soir de Pâques, Jésus disait : «Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée » (Jn 17,22), et pourtant les apôtres vont encore traverser bien des épreuves. Le mot Gloire en hébreux signifie « lourd, poids » ainsi Jésus leur a transmis le poids de sa présence dans leur vie et rien ne sera plus pareil.  Christ n’était pas venu les délivrer des romains comme parfois dans ma vie aussi, la présence et l’ expérience du mal, mais d’un mal mortel, bien plus grand ! Les souffrances du temps présents maintenant perdaient leur « poids » face à ce poids de Gloire de la Présence et de l’ Esperance de la vie éternelle. Ils ont vu la puissance de l’offrande de Jésus. Moi aussi, à sa suite, je peux brandir, offrir en communion avec Jésus toutes mes souffrances, ma croix. Marthe Robin s’exclamait : « « La souffrance est un travail de vie et d’amour, c’est une richesse à offrir et à donner, car les difficultés ne sont plus obstacles, mais des moyens pour mieux aimer Jésus. » Ainsi je peux en Jésus rendre toute souffrance féconde, quelle espérance, quel poids de  Gloire !

Questions :

-suis-je convaincue de la puissance de fécondité de l’offrande  qui est communion au Christ?

-Puis je confesser dans ma vie un manque d’espérance ?

-Puis je m’entrainer en offrant des petites contrariétés. Par exemple offrir au lieu de me plaindre… (Je peux pour cela trouver une intention particulière, pour la paix dans ma famille, le monde…)

Exercice :

Je prends un temps d’intimité dans la prière,  puis je prends chacune de mes souffrances et les dépose  là aux pieds de Jésus en demandant à l’Esprit Saint de laisser Jésus les habiter, les transformer, les glorifier…je contemple et reçois dans mon cœur ce que Dieu veut faire de nouveau dans ma vie.

Petite histoire :

Dans l histoire du Carmel nous trouvons ce beau récit. Une mère supérieure suppliait Jésus de changer le cœur d’une religieuse désagréable pour toute la communauté…puis Jésus fit savoir à la Mère qu’Il ne changerait pas cette sœur. Etonnée, elle demande une explication. Jésus lui répond : «Tous les soirs, cette sœur rentre dans sa cellule et m’offre dans les larmes toute la souffrance de ne pas être celle qu’elle voudrait être, de ne pas être douce… Et bien, son offrande me console plus que toutes les prières du Carmel réunit  » Son offrande produisait de la Gloire ! Cette sœur saisissait la corde tendue à sa misère et vivait toute souffrance en communion avec Jésus.

Je prends un instant pour méditer toutes ces choses dans mon cœur (cf Luc 2,19)

Troisième jour: la gloire


« Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à toi, Seigneur, père très saint, Dieu éternel et tout puissant » (Prière Eucharistique)

Lors de la mort de son ami Lazare, Jésus affirme : « « Cette maladie n’est point à la mort ; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. » (Jean 11:4) ». Je peux aussi me poser bien des questions sur la souffrance que je vis, mais je peux aussi me demander : « Seigneur quelle est la Gloire que tu veux manifester dans cette souffrance, montre moi ce que je ne peux voir ! ». Sur la Croix, nous ne contemplons pas l’horreur de la  souffrance, nous contemplons l’ offrande d’Amour et la Gloire qui en découle. Je peux aussi élever mon âme ainsi.  Nous ne pouvons éviter la souffrance sur la terre, mais nous pouvons en faire des chemins de gloire, des croix glorieuses ! En toute situation se tiennent devant nous deux chemins, à chaque carrefours de nos vies, Dieu me dit : «  Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur » Deut 30,15. Comme la Gloire s’est laissée crucifiée, je peux choisir aujourd’hui que ma croix soit glorifiée !

Questions :

-Est-ce que j’entretiens une complicité secrète avec la souffrance stérile, le défaitisme, le misérabilisme, l’amertume…

-Est-ce que je mets des limites à la puissance de Dieu dans ma vie ?

-Est-ce que je prends du temps pour contempler la Gloire de Dieu ?

Exercice :

Écouter ce chant : https://youtu.be/7eAlsn_NYxE Céleste Jérusalem.

Je prends un temps pour contempler la Gloire de Dieu et la place qu’Il m’a réservé au ciel. « Si nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui » nous dit St Paul (Tim 2,12), est ce que cette affirmation résonne en moi ?  

Une petite histoire vraie :

« Un homme a été mordu par un serpent venimeux et se trouve en danger de mort. L’équipe de secours appelée, l’a conduit à l’hôpital dans un état grave. Grâce à Dieu, après un traitement de 2 semaines, son état s’est amélioré et les médecins l’ont autorisé à rentrer chez lui. À sa sortie de l’hôpital, le convalescent est allé remercier le médecin chef pour les excellents soins qui lui ont été prodigués et c’est là que le docteur lui a dit : « Sachez que vous devez réciter la bénédiction Hagomel [Bénédiction à réciter lorsqu’une personne a été sauvée d’un danger, voir en fin d’article]… Bien sûr, bien sûr que je dois remercier Dieu de m’avoir sauvé de la morsure du serpent !Non, non, mon intention n’était pas que vous récitiez Hagomel  pour la morsure du serpent… »Devant l’expression stupéfaite du patient, le docteur poursuit : « Lorsque vous êtes arrivé ici, vous étiez dans le coma. Nous vous avons fait des analyses très poussées et nous avons découvert chez vous une grosse tumeur maligne dans un rein. Il a été décidé de soigner d’abord la morsure du serpent et seulement après la dangereuse tumeur. Après les soins, donc, nous avons fait un scanner, qui nous réservait des surprises. À notre grande stupéfaction, il ne restait plus la moindre trace de la tumeur ! La raison de sa disparition, c’est que le poison du serpent à éradiquer la tumeur ! Ce pourquoi vous devez remercier et louer Dieu, c’est d’avoir été mordu par un serpent !

Je prends un instant pour méditer toutes ces choses dans mon cœur (cf Luc 2,19)

Bonus: missionnaire de la gloire !

 « La gloire de dieu c’est l’homme vivant » St Irénée

Nous voulons être des Vivantes pour glorifier Dieu dans tous les domaines de notre vie. Il nous faut bien une vie pour apprendre à dépendre de la Gloire de Dieu et non des circonstances qui passeront, en un mot pour apprendre à vivre surnaturellement, au dessus de notre naturel appesanti de douleurs humaines, d’opacités, d’incompréhensions… C’est cela la folie de notre christianisme ! Devenons des missionnaires de la Gloire en ce monde et réveillons l’espérance !

Seigneur, Donne-nous des fous

« Ô Dieu, envoie-nous des fous, qui s’engagent à fond, qui oublient, qui aiment autrement qu’en paroles, qui se donnent pour de vrai et jusqu’au bout. Il nous faut des fous, des déraisonnables, des passionnés, capables de sauter dans l’insécurité : l’inconnu toujours plus béant de la pauvreté. Il nous faut des fous du présent, épris de vie simple, amants de la paix, purs de compromission, décidés à ne jamais trahir, méprisant leur propre vie, capables d’accepter n’importe quelle tâche, de partir n’importe où, libre et obéissants, spontanés et tenaces, doux et forts. Ô Dieu, envoie-nous des fous ! Ainsi soit-il. » Père Louis-Joseph Lebret.

 Je prends un instant pour méditer toutes ces choses dans mon cœur (cf Luc 2,19)